Un jour on lâche l'ancre, préférant partir à la dérive plutôt que de se noyer. Alors les courants sont propices, le vent caressant, les paysages défilent, on ne cherche pas plus loin. Et l'on s'habitue de nouveau à l'air libre, on reconstruit malgré soi un schéma de surface, des repères émergent d'anciennes profondeurs, les ports se dessinent et l'on en vient à chercher la terre ferme, focalisant sur l'ancre pour l'enterrer enfin. C'est une ancre, en tant que tel elle conviendra à tous les sols, elle nous appartient.
La rocaille salvatrice ne veut rien entendre, les coups de pioches épuisent, à la moindre prise on s'imagine enracinés…
A tort. La dérive reprend sur la terre ferme, et c'est un boulet que l'on traîne, nous empêchant à présent de voguer légèrement.
La lutte commence, l'ancre glisse sur les parois arides d'une terre que l'on prend pour une autre, dont on ne considère pas la structure, mais à laquelle on s'accroche comme on nous a appris à le faire en terrain connu.
La dérive tellurique est circulaire, la force centrifuge alimente le courant obtus de cette nouvelle évolution.
On sait dériver, on a déjà été fixés, on connaît son ancre, mais ne les avons jamais laissés s'apprivoiser. On lutte pour que chacun ait son rôle prédéfini sans en saisir le paradoxe, que la dérive suive le courant, que l'ancre l'en empêche, que la terre d'ailleurs soit familière. Propulsés, rattrapés, abîmés, usés, on finit par lâcher prise. Alors la force centrifuge s'atténue, l'ancre s'allège, on vogue sur la terre ferme, non loin de tout, proche de rien, acceptant de ne pas reconnaître le lieu.
L'écoulement du temps n'est pas universel, mais, après avoir tranquillisé le sien, on réalise enfin que l'on est toujours quelquepart.
Divers
mercredi 7 janvier 2009
0341
Par userem7803 le mercredi 7 janvier 2009, 11:57
lundi 29 décembre 2008
0335
Par userem7803 le lundi 29 décembre 2008, 12:42
Il est communément admis que partir est une fuite et que les problèmes vous poursuivent où que vous soyez. On pourrait croire que j'en suis une preuve vivante, pourtant je n'adhère pas à cette idée. La difficulté consiste à déconstruire son esprit pour le reconstruire, or le voyage, l'expérience permettent de découvrir de nouvelles options tout en révélant certains fonctionnements personnels. Je ne regrette pas d'être partie, et, contrairement à ce que je vis actuellement, ne regrette pas d'être là. La difficulté est une autre histoire, la nostalgie de la ville qui coule dans mes veines est bercée d'illusion. Mon âme se meurt d'un Paris qui n'existe nulle part, d'un Paris qui renvoie autant de promesses d'ailleurs que Bangkok disparaissant sous une ville futuriste de nuit.
L'Orient, bien que peuplé d'être humains, s'apparente à une autre planète. Si nous avons en commun le physique, le langage, les attitudes (consommer, se nourrir…), jamais en revanche nous ne le feront avec le même esprit, la même dynamique, la même 'raison'. J'emploie des mots inconfortables qui nous ramènent à cette impasse : l'incompréhension. Rationnaliser un mode de fonctionnement si éloigné ne fait que nous en éloigner davantage.
Bien qu'au sein d'une même culture l'incompréhension domine, (qui de dire, qui de comprendre, tous d'interpréter) reste une évidence culturelle qui nous permet de reconnaitre une couleur et de l'associer à tout ce qu'elle représente dans notre histoire. L'assemblage de ces références, d'une couleur à un mot, d'un mot désignant un objet à un terme abstrait…, nous permet de communiquer, d'oublier l'incompréhension profonde et d'aller de l'avant dans un univers commun.
L'occidentale que je suis, entourée de thaïlandais, n'a d'autres choix que de déconstruire une vision du monde pour en reconstruire une nouvelle. Il ne s'agit pas d'éradiquer la culture occidentale, mais de créer une culture personnelle faisant appel à mes racines et me permettant de vivre seule entourée d'inconnus aux repères opposés.
Ma première approche était la bonne, l'esprit vide, prenant les choses comme elles viennent. Après avoir emmagasiné des expériences, bien trop tôt j'ai commencé à faire une synthèse, qui m'aurait permis d'analyser le comportement, d'en dégager les grandes lignes et de l'intégrer à mon lot Occident. En somme de transformer l'Orient pour qu'il fasse partie intégrante de l'Occident. Du colonialisme. Fatale erreur qui donna lieu à une désolation et un jugement critique et destructeur d'un peuple dont je ne comprends rien.
J'observe les gens et leur propension à ne rien faire. Les gardes sont légions (gardiens de parking, de tout et n'importe quoi), et passent leur journée sur une chaise. L'étonnement s'est accru en voyant un enfant d'un huitaine d'année, seul, dans un parc de jeu, assis sur une barre métallique, le genou replié, immobile. Il ne regardait rien en particulier, ne faisait rien de particulier, il était là, tel un oiseau au repos. A quoi peut-il dont penser ? A quoi peuvent-ils donc penser ces journées entières, statiques, le regard glissant sur ce qui les entoure sans jamais laisser poindre un intérêt quelconque ? J'ai posé la question, l'on m'a répondu que c'était impossible à expliquer. Le temps est présent, c'est tout. Un occidental n'a pas la même perception du présent instantanément lié au passé et au futur. Faudrait-il considérer le présent comme une entité temporelle qui s'étend sur la vie ?
La raison semble le maître mot de nos différences, là où nous passons notre vie à en chercher (bien qu'en ayant trop de paradoxales), ils ne s'en encombrent tout simplement pas.
L'étude de la langue renseigne sur leur structure d'esprit. Des mots, pas de grammaire, des accents qui différencient les mots, pas de temps.
Je ne ressens pas l'envie de m'immerger dans cette culture au point d'en parler la langue que je trouve laide (à l'opposé de l'écrit), pour entamer des discussions qui, traduites dans mon cerveau d'occidentale, s'associeraient à un dialogue d'enfants de 6 ans.
La culture des centres commerciaux m'effraie, m'épuise, la surconsommation nouveaux riches, le culte de l'apparence, et par dessus tout un matérialisme que rien ne surpasse si ce n'est occasionnellement une superstition de prévention. Le bouddhisme s'est dissout, base effective de ce peuple, laissant des traces de couleurs, des temples, des moines, et beaucoup de superstition.
Serais-je capable d'intégrer le mystère que représente cette culture asiatique ? C'est toute la question. Il ne s'agit pas de chercher une Réponse, il y en a trop, mais de construire sa façon d'appréhender le monde. Les réponses disponibles ont en commun une finitude, un rétrécissement de notre environnement et vision pour nous ériger un humain grandement façonné. Pourquoi pas me direz-vous, et en effet, pourquoi pas. Seulement j'aimerais construire un univers mouvant, qui avance avec le temps, quel que soit son présent.
Vaste programme, qui non content de ne pas porter ses fruits, m'incite cramer les arbres. Un début de jachère certainement.
dimanche 28 décembre 2008
simple note
Par userem7803 le dimanche 28 décembre 2008, 14:48
J'ai rencontré hier un homme très intéressant. Pilote de ligne à la retraite, il a passé 3 mois au Japon pour apprendre la langue, 3 mois et demi en Russie, est à présent à Bangkok pour la même raison. Il veut sillonner l'Amérique du sud pour parfaire son espagnol, retourner sur une île à proximité de Papoua, faire un long trajet en vélo mais ne sait pas où… il n'aura pas le temps de faire tout ce qu'il souhaite, aussi je lui demande s'il est condamné. Pas plus qu'un autre me répond-il. Il est donc possible d'aimer vivre à ce point, de cultiver sans cesse une curiosité dynamique, de comprendre mon humour cynique, s'en amuser sincèrement sans pour autant y adhérer. Richard est un trésor. Une très belle rencontre, un type épatant, qui boit du bon café.
Ainsi il m'a appris que la plupart des gens rencontrés, ou dont il a lu les récits, partis de leur pays pour sillonner le monde rentrent au bout de 3 ans. Il s'interroge sur le fait de passer ce cap, n'en ayant aucun exemple.
Je suis partie il y a un an et demi sans rien à perdre, pas même ma vie, avec la légèreté de l'inutile, tristement disséminée en chemin. La raison a refait surface, chassant l'inutile épuisant pour l'enterrer, légèreté comprise, sous mon implantation en Thaïlande.
Je suis lourde, oppressée par des buts inexistants tandis que mon cœur pleure Paris.
La première partie de mon voyage fut une quête sans Graal, que je trouvais à chaque arrêt. Un flot continue de découvertes, d'adaptation à un environnement étranger. La seconde partie m'a ramenée à Paris, angoisse terrible de retrouver ce lieu qui m'avait tant fait souffrir. Un challenge que je m'imposais, comme on remonte sur un cheval. Le séjour s'est bien passé, ponctué par des voyages en Europe issus de la même dynamique.
Le retour en Orient a signé la première difficulté, orné la quête de fatigue, m'incitant à me poser quelques temps. Le temps récupéré en Occident s'est servi de moi, m'a plaquée au sol, dans un appartement superbe au sein d'une ville que j'aimais. Un second retour à Paris en Octobre m'a achevée, m'ôtant tout ce que j'avais acquis durant cette année de liberté, de curiosité, d'intérêt. Paris m'a laminée, en a profiter pour reprendre possession de moi, me ramenant à la vie, à mes amis, que j'aime par dessus tout, à la beauté, à la culture, à l'alcool, à la cigarette, à la déception… Me rendant mes atouts, mes amours, pour me renvoyer sans sursis dans une contrée que 'tu as choisi'.
Depuis je suis coincée.
Il ne se passe pas une journée sans que je me demande ce que je fais ici. J'y suis malheureuse, n'y ai pas d'amis proches, le vide culturel que dégage la ville m'effraie, je ne me reconnais nulle part, et la face cachée du lieu me tend à présent ses moites tentacules.
Je suis coincée, je ne peux non plus me projeter à Paris. Je me suis suivie pour m'amener dans un endroit qui ne me correspond pas tout en m'éloignant d'un endroit que j'aime et me détruit, prenant soin de léguer ma place et de me trancher les veines avec la clé.
Je regarde les immeubles au loin, de jour, je veux fermer les yeux.
Les voir de nuit m'apaise, ôte la réalité, me projette enfin dans un monde illuminé, rassurant, loin de Bangkok, partout et nulle part, quelque part dans les sphères irréelles d'un univers à créer. Un peu de répit.
Mes yeux avalent livres sur livres, je côtoie ainsi des gens passionnants, mais mon cœur bondit à chaque rue parisienne citée.
J'ai éclaté en sanglots une journée entière, depuis, je déglutis mes larmes. Je me décompose, sombre, m'en prends à ma vie.
Pour la première fois depuis mon départ, l'être humain me manque, les êtres que j'aime, leur présence, leurs conversations, l'humour, la joie, la tristesse, le partage avec autrui des émotions, de la vie. Je m'étais lavée de l'humanité, repoussant la moindre approche, parole et présence. Je suis prise à mon propre piège.
Mais je dois passer ce cap, c'est ici que je suis, ici que je dois être. Je veux écrire, je le ferai bien.
Sinon je n'aurais plus aucune raison d'y rester, alors je repartirai, quelquepart, espérant n'avoir pas trop rétréci le monde.
mercredi 24 décembre 2008
0333
Par userem7803 le mercredi 24 décembre 2008, 19:41
Noel c'est l'éclate, 30 degrés, des pères Noel en veux tu en voilà, Alain a fait des vol-au-vent, Agnès lui a prêté son four, mon portable est à la plage, les frères Karamasovs de retour (je ne sais pas où), Claudia avec sa famille et mon portable, Eloïse avec son grand père, toujours pas de nouvelles de Thierry, un incontournable, Bruno à Paris Dao aussi, Christophe sous la mousson à Bali, Hot Chip a une pure pensée, Tud passe avec du fromage, Bert m'a livré une bière fraîche… Tout le monde s'en fout, je suis sur mon 31 et c'est bientôt demain.
sublime collier de perles :www.mxparis.com
vendredi 12 décembre 2008
0329
Par userem7803 le vendredi 12 décembre 2008, 07:15
Le soleil se lève à une vitesse vertigineuse (mini allitération, s'il était vert…), disque rouge flusorescent propulsé dans un ciel matinal. A essayer de calculer sa vitesse au sol j'ai soudain réalisé l'erreur monumentale qui nous gouverne tous : le soleil ne se lève pas, la terre tombe. Depuis cette chute aux aurores, je marche à l'oblique attendant midi pour me recaler et commencer l'ascension. C'est au mal nommé coucher de soleil que l'on se lève enfin. (Parallèles à loisir…)
ps : la bonne blague de Brian Eno ce même matin, Oblique Stratégie me conseille : turn it upside down.
jeudi 11 décembre 2008
0328
Par userem7803 le jeudi 11 décembre 2008, 10:34
Je me demande si l'on ne dit pas I can't write thai… ce qui ferait très mauvais genre.
Tant que j'ai la parlotte, n'hésitez pas à cliquer sur les images au tag ' lié ', elles ouvrent de nouvelles fenêtres… (le tag sert à rassembler différents billets dans des sous catégories, et se présente sur ce blog sous la date ponctué d'un petit carré rouge. Il est possible de choisir une catégorie en cliquant sur le tag ou le sommaire de tags en violet, en bas sur la droite. Oufff).
lundi 17 novembre 2008
0322
Par userem7803 le lundi 17 novembre 2008, 21:55
L'homme ruisselle d'humanité. Déverse sur qui n'a pas compris que la vie est belle mais dure des torrents de preuves. J'ai nommé Sean Pen.
Acteur, il vous embarque avec son fardeau vital, de béatitude souffreteuse, son rire contrastant avec la profonde douleur que dévoile ses yeux battus pas les épreuves de millénaires de prédécesseurs. Il en porte les tourments, sa conscience est stridente son cœur (bat) sur la main, miséricordieux et accablant.
Sous quelques recommandations j'ai finalement accepté de voir son film, écrit et réalisé par Saint Sean, Into the wild.
L'histoire (une histoire vraie) est intéressante, aurait pu être poignante si cette éponge de mansuétude s'était abstint d'y mettre sa mer de sel.
Une déferlante de musique à textes empli l'espace poétique de paysages grandioses pour nous en faire comprendre le sens. Surligner sans cesse, appuyer, se gargariser de peu de paroles au détriment d'un jeu à la limite du grotesque.
On écoute, on comprend l'autre, ses difficultés, ses peines, on a en soi l'énergie vitale transcendante, et on va vous le prouver : hop, quelques pas de vie. D'assis le personnage se dresse sur ses pattes et galope dans les roches, bras en l'air, embrassant l'universalité et sa splendeur. Avec ou sans témoins. Cette interprétation téléguidée par notre guru ne laisse que peu de jeu à un acteur certainement bon. Après avoir bousillé les paysages, il arrive à bousiller le personnage. Gros plan sur son visage nous permettant de découvrir au cours du film la profondeur qui anime notre héros. C'est un héros. Héros solitaire qui se dresse majestueusement sur le toit de son bus magique en Alaska, bras en croix sous un soleil couchant, hurlant silencieusement sa joie pendant que la musique bat son plein et nous explique…
Si l'histoire est vraie, le film est faux. Décortiquées à loisir, le choix des scènes fait pleurer dans ma chaumière ; d'exaspération.
Explications en voix off, qui des parents, qui de la sœur, le caractère du héros, tout est clairement identifié avec les mots Justes, synthèse parfaite qui évitera au spectateur les erreurs d'interprétations. N'allez pas vous égarer sur un quelconque terrain à fautes, personne n'en fait, tout le monde est bon, chacun avec ses obligations, caractères…
Les rencontres appellent d'autres drames, passés sous lourd silence dont on aura l'explication quelques temps plus tard à n'en pas douter. En effet, si la mise en suspens est une caractéristique intéressante, elle l'est bien moins lorsque tout retombe à point nommé un quart d'heure plus tard.
De la simili vie pour un simili film.
Rien de grand, même les espaces vierges sont encadrés, fermés par l'accompagnement lorsqu'ils ne sont pas barbouillé de notes du protagoniste. Into the screen, à peine mieux que ça (et je l'ai vu sur l'ordinateur, il n'en menait pas plus large)
Le plus intéressant est la fin, qu'il ne doit qu'à la véracité du récit. On reste sur sa fin, et c'est tant mieux, le reste s'évapore du pays des Barbapapas du (dés)espoir.
mardi 4 novembre 2008
0313
Par userem7803 le mardi 4 novembre 2008, 16:48
Il est 16h48, ça ne s'invente pas.
jeudi 30 octobre 2008
0311
Par userem7803 le jeudi 30 octobre 2008, 23:53
La nuit prend de l'avance et lacère les pâles de pluie qui s'abattent mielleusement sur une capitale asphyxiée. Du jour premier ou les ravages s'agrippèrent à moi telles des sangsues dentées, à cette froide nuit d'octobre (23h23 tout de même), mon corps suinta, déversant sur les pavés et les trottoirs des perles de chair scellées par le froid et l'écœurement. Paris, ses rues trop courues, ses quartiers trop connus n'y sont qu'en guise de décor. Ses personnages, en qui une fois, des mois, des années j'eus confiance, en furent les moteurs. De moi il ne restait que quelques os, un cerveau endommagé, largué au delà de sols à présents gelés, relégués à l'état de regrets, défaite dont la force centrifuge me trainait lentement et sans aucun doute dans un empire mille fois foulé, le néant du Chez-Soi. Chez soi sans soi se révèle chez lui. Chez moi a été ratissé pendant mon absence, volé, violé, usurpé et souillé. Il n'en reste rien; il m'accueille à bras ouverts. Bienvenue à la maison.
La carcasse branlante et bondée dont les sarcasmes sans recul prennent de tristes allures de voix rayées s'amoncellent et se referment sur l'idée, le lieu, le repère, le point d'ancrage. Absorption vs abandon. Le choix est dur, le choix est inconcevable, je ferme les yeux et m'expulse. J'ai fermé les yeux emplis de larmes, de lames, et m'en fus, ailleurs, rongeant les résidus d'une illusion perdue, emplissant mon sang de suc acide. Sur ce je dois quitter les lieux, les tripes retournées, l'esprit amputé, les cheveux rouges. J'ai vu jour après jour se dégrader l'amitié, la confiance ; les individus virer des couleurs chatoyantes de l'affection à la grisaille de la déception. Sur ce je pars, je dois quitter les lieux sans plus tarder. Le gris s'étale, le gris s'en régale, le gris boit à ma santé, danse à ma liberté, écrasant sans précaution mes larmes de chaires imprégnées sur un sol qui fut mien. Sur ce je quitte les lieux. Sur ce je quitte les lieux. Sur ce tu dégages oui, clame t-on la bouche fermée, le sourire douillet affairés tels des autruches à se cacher de la seule chose qui me reste : ma vue et son point. Sur ce je quitte les lieux.
Partir est une chose, revenir en est une autre. Du retour on apprend beaucoup, sur soi, sur les autres, sur ses attaches que l'on minimisait, sur les amitiés que l'on exagérait. Restent les amitiés, les vraies, les lieux, les odeurs, les paysages, le froid sur les doigts, le temps sur les gens. C'est un cadavre prescrit qui ne suit pas la règle, qui n'utilise pas les mots du mois mais les maux des moi et mois. A revenir on apprend qu'on est parti. A revenir on nous fait comprendre qu'il faut partir. Je dois quitter les lieux… Mais pas ainsi. Je ne vois plus l'horloge, il ne peut être 24h24 encore, une chance que je m'en sois cachée. J'ai donc décidé de rester, d'appeler à moi tous mes cailloux de peau semés ce dernier mois, de ne pas les laisser se faire piétiner mais d'en appeler à leur position stratégique pour décider de mon départ. Car maintenant il faut que je construise le départ et non qu'il se définisse de lui-même en m'évinçant de l'équation. Quelquepart revient quelques jours, à Paris. Chez moi.
samedi 11 octobre 2008
68
Par userem7803 le samedi 11 octobre 2008, 23:00
Quelque part
Le reste suit
dimanche 21 septembre 2008
0309
Par userem7803 le dimanche 21 septembre 2008, 22:45
Entrer en page blanche.
Je profite de la nuit, la ville scintille devant moi, seul l'écran de l'ordinateur génère cette lumière que je fuis depuis 9 jours, lumière aux pouvoirs de chien andalou.
Mes yeux brûlent de jour, jour après jour la brûlure s'installe et résiste à présent à la nuit. Mes yeux brûlent de nuit, brûlent fermés, brûlent blanc.
Ces deux histoires ont en commun la couleur, non l'intensité lumineuse qui définit la couleur puis l'anéantit.
Mes yeux sont éblouis en pleine nuit, aucun refuge en plein jour, impossible d'y voir clair sous cette lumière absolue.
Qui est atteint d'insomnie sait que le manque de sommeil est un des hallucinogènes les plus efficaces qui transporte le sujet vers d'autres strates de réalité.
La brûlure lumineuse correspond à l'effet du jour qui se lève sur ces nuits sans sommeil, des jours entiers sans nuit, sans noir, sans ce rien primordiale.
L'éblouissement râpe peu à peu la rétine qui n'attend même plus le soir, la brûlure a raison de la nuit et des paupières.
Entrer en page blanche repose sur le rassemblement des actions de sa vie, son assemblage et le constat duveteux qu'il représente un espace vierge. Pionnier dans un monde inconnu, pourtant répertorié mille fois par soi auparavant, par autrui, analysé, commenté, présagé, structuré par des passés, des devenirs, à la différence qu'autrui est en plein présent défini et soi plus avant. Entrer en page blanche est là, le devenir là-bas, le passé mis à plat et assoupli. Le groupe se dissout, l'entité avance.
Mes amis me manquent, mes amis ne me manquent pas. Je rencontre des gens, je les vois, ne les vois pas. Je regarde des films, qui parlent de moi, qui parlent de nous, de vous, d'avant et je n'y suis plus. Pourtant je m'y reconnais, je vous y reconnais, je me souviens. Certaines parties de mon corps, de mon esprit s'égaillent ou s'émeuvent, mais elles restent isolée de l'entité que plus rien ne définit si ce n'est ce qui la constitue, l' Innommable, à l'encre blanche rédigé à la plume côté duvet.
mardi 2 septembre 2008
0300
Par userem7803 le mardi 2 septembre 2008, 21:12
Je suis amoureuse de cette fleur, depuis le premier jour. C'est certainement d'elle qu'est né mon attachement à cet hôtel, à cette ville, à ce pays, et à ces latitudes qui l'encouragent à faner, disparaître et s'épanouir à l'aurore.
J'ai découvert celle-ci tout à l'heure, cachée comme il se doit. Aussi par sa forme, sa fragilité et mon émotion, je l'offre à Steven Spielberg, à tous ses extra terrestres éclos d'une entité similaire.
dimanche 31 août 2008
0299
Par userem7803 le dimanche 31 août 2008, 15:14
Ces dernières années se sont appliquées à découper l'éternité en lambeau. On oscille de fragments en morceaux, de fois en doutes, de tout en rien, d'évidences en incertitudes, de 0 en 1. C'est un phénomène très récent, la fracture s'est opérée au siècle dernier. Quand, je n'en sais rien. Ainsi tout (cette ex-totalité) déraille, stagne, s'emballe successivement voire simultanément, générant des individus mal calés à l'image d'une impression ratée. L'amalgame procuré par ces états paradoxaux désaxe et propulse les référents dans d'inconnues dimensions qui seraient certainement fort intéressantes à vivre et étudier si elles n'étaient pas prisonnières de l'éternité (en son ex-évidence). Et d'anéantir le sens une fois de plus.
Ce n'est pas un chaos au sens propre du terme, le chaos n'a pas de structure, cette éternité binaire s'en encombre, en joue et défie sa substance. Cette éternité hachée se manifeste à tous égards, le premiers en terme de multitude. Avant de se poser une simple question, nous sommes submergés par les réponses, toutes hurlant de justesse, d'infaillibilité, aux antipodes les unes des autres. Ainsi démarre la course épuisante de l'assemblage d'une pensée, d'une identité, d'une position et d'une réalité. Un zéro, quelque uns, quelques 0 et quelques uns, et quelques autres, deux chiffres générant une éternité qui présente mieux que π au siècle de la simplicité (qui s'en défend, en exhibant l'insignifiant fardé de complexité et d'importance).
Mais cette éternité est saccadée, dérythmée, et engoncée dans l'illusion d'une maîtrise.
Du générationel on passe au séquentiel. Des séquences de choses que l'on scrute, vit intensément et qui disparaissent où sont remplacées systématiquement. Le sol de l'éternité d'antan n'est pas adapté à ces mouvements et abstractions, aussi lorsqu'une séquence s'achève il se peut que le sol se soit absenté. Une séquence chute apparaît, agressée par une séquence "debout soldat", un brin de star, de paillettes, de réflexion, d'apitoiement sur ce que l'on ignore mais qui tient de l'éternel… Un bazar que seul un esprit assuré réussit à concilier (ou un esprit vide qui gobe tout, même son insubstance).
Le problème se généralise alors, car du simple fait que les réponses dissimulent les questions, le temps explose, emportant le présent, catégorisant l'avenir et prétendant le passé, jalonnant l'éternité de spasmes.
samedi 30 août 2008
0298
Par userem7803 le samedi 30 août 2008, 17:18
De Superficialis, l'arrière gout d'Oscar W. est ce qu'il y a de de plus alléchant et c'est peu savoureux.
Une horde de hollandais vient de se coller à moi réveillant d'instinct mon aversion physique pour cette langue, qui s'étend en moins de deux secondes en une aversion générale et absolue pour tout ce qui me tape sur les nerfs. TOUT. Il est amusant de noter que les langues atroces s'apprécient entre elles : il m'a été donné de rencontrer une thaïlandaise qui souhaitait apprendre le hollandais.
Parallèlement cette rencontre est des plus négatives, la femme est trop massive pour laisser la moindre place à autre chose qu'à sa propre densité obsessionnelle. L'épouvante transpire de mes pores à son contact, mais j'occulte consciencieusement tous les détails, floutant le personnage pour n'en conserver qu'une forme humaine. Détresse crie mon cerveau devant cet amas de frayeurs, cerveau stupide s'il en est et de donner mes coordonnées. Une nuit a suffit pour recevoir un appel le matin suivant proposant un rendez-vous café/shopping… ? En avance, en avance sur tout, la pression m'assaille mais je me contente de flouter l'humain et d'éclaircir les actions à entreprendre. Assises à une table, au sous sol d'un centre commercial auquel nous nous sommes rendues en 4X4 démesuré, mon esprit ne peut plus lutter et régurgite violemment tous les dangers que représentent ce personnage : des veines tailladées, de l'obsession de son état, entretenu allègrement par lesdits interdits qui protègent l'être en souffrance couplés par les recommandations, les tremblements, de l'impossibilité de faire de la moto taxi interdite par sa mère (37 ans, pas la mère), les questions axées uniquement sur sa guérison, impliquant un pourcentage de maladie dépassant allègrement les 1750%.
Retour à la case générale, interdisez, protégez, surprotégez… on ne se passera plus de vous. État comme parent.
Retour à la case générale, démerdez-vous tout seul, c'est pas gagné non plus…
Je crie intérieurement danger et réponds poliment. Mon dieu, en voici d'autres, au point où ils en sont qu'ils soient hollandais ou pas n'a plus d'importance, ils sont trop nombreux. Je détale ronger ce que je trouve ailleurs.
Me voici ailleurs. Plus paisible, moins de monde, voire personne. Une brise de clime, un déclin de jour… ah j'ai trouvé de l'eau : True corporation qui s'immisce sur toutes les pages web depuis ce matin pour Offrir une entrée gratuite… True Corporation (Corporation fait très peur, True anéantit), dans le sac avec les hollandais, c'est parti, et je remets les suisses tiens. Si je m'écoutais à cet instant, peu de choses résisteraient à ma liste noire, moi la première, mais c'est un comble dans lequel mieux vaut éviter de tomber, aussi je vais clore mes branchies.
vendredi 29 août 2008
0297
Par userem7803 le vendredi 29 août 2008, 18:30
Sisyphe épuisé, lâche sa pierre et observe son mythe s'écraser dans la vallée.
Qui est-il maintenant ?
samedi 23 août 2008
0289
Par userem7803 le samedi 23 août 2008, 14:20
Catch me if you can…
Élevée dans l'anticléricalisme et l'athéisme le plus total (la psychanalyse omniprésente et dénigrée faisant foi de tout bois), me voici poursuivie depuis quelques mois par Dieu. Je ne l'avais pas ajouté à ma liste noire, n'ayant pas l'idée de le considérer outre mesure. Les chinois, suisses (ah non plus les suisses), le hollandais, les habitants des îles, tous ceux là sont bien venus me crisper la chair un jour où l'autre. Dieu rien. Ni plus ni moins que rien. Quant au flan fait à son sujet, un rejet de principe, d'éducation, mais dans le fond, aucune animosité à son égard.
Mon premier est un hôpital aux blouses d'un vert superbe (que je n'ai pas eu rappelons le), au beau logo dont le hic résidait en l'appellation et son contenu : Bangkok (oh yeah) Christian (voilà) Hospital (c'est la raison pour laquelle j'y étais). Mon premier s'est bien passé, Bangkok Hospital aurait eu le même effet.
Mon second est l'extension de ce même BCH qui s'est construit pendant un an sous mes yeux (surtout mes oreilles), testant ma résistance…Passage Hospitalier Chrétien en Thaïlande, j'encaisse, pas de quoi en faire un post.
Quelques mois plus tard, à mille miles du BCH, enrobée de latitudes glacées et suite à un Radisson hors de prix (et trop standard), me voici logée chez un Pasteur. Un être humain. Surprise ce dernier est normal, voire sympathique, voire extrêmement sympathique et amusant. J'ai nommé Ragnar. Un pasteur n'étant pas costume, je considère l'homme, sa femme, sa vie, son dieu, un lot bien au nord, au delà du cercle polaire. Un point.
De retour à Bangkok, l'hôpital a perdu ses fantômes, le calme règne, je décide de prendre des cours de thaï, monte au 7eme étage d'un immeuble voisin et réalise quelques jours plus tard, sur une gomme (Jesus loves you ou un truc dans le genre) que cette école est Chrétienne.
Le choc est rude, certainement dû à la propagande effaçante et à la présence d'une armada de missionnaires dans un cours supérieur ;
des Coréens en groupe qui viennent apprendre le thaï pour prêcher. Je n'en pense que du mal d'instinct de surface, rien dans le fond, mis à part une aversion pour une bigote et mon intérêt pour un élève qui semble missionnaire Et intéressant.
Au final j'oublie et retourne dans ma case Dieu ni pour ni contre nii, the knights who say ni… j'en reste au Sacré Graal.
Nous voici à la phase d'attaque, la carriole qui vient me chercher à l'hôtel direction la gare de bus de Vientiane contient une jeune femme moderne, et fort sympathique : Bao. Nous discutons, avant, pendant les 10 heures de trajet jusqu'à Luang Prabang (Mako bus sur Mako routes remplaçant le Mako Lao Airlines) elle travaille au Cambodge, a fait Science-Po, a beaucoup travaillé dans l'humanitaire et… s'avère missionnaire. Fini les Monty Python, place au bus de Troie, rempli cette fois.
Bao dont la compagnie est fort agréable et moi passons la soirée ensemble et de retour à mon hôtel (après avoir perdu le sien), nous discutons dans mon immense chambre glauque où elle finit par rester dormir.
Une missionnaire dans son lit n'est-ce pas le comble du prosélytisme ?
Le lendemain soir Bao m'offre une prière à voix haute qui m'émeut réellement. Je repars donc avec une bible sur mon mac, un prière dans l'âme, une toute nouvelle sympathie pour Dieu et malgré tout un Sacré penchant pour les Monty Python.
« billets précédents - page 1 de 4