quelquepart

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lundi 3 septembre 2007

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J'ai hésité ; après tout pourquoi voler un cendrier alors que je ne fume pas ? Un chouette souvenir pour quelqu'un, un cendrier du Tibet… enfin mille raison non valables pour commettre LE Larcin Vengeur. Ils m'ont donné une chambre qui pue, Ils font travailler des prostituées… ils vont enfin payer ! Emportée par le syndrome Robin des bois (sans pauvres fumeurs sous la main), j'en vole un. Et ils s'en aperçoivent. Evidement j'ai nié, outrée, et, grand seigneur ai payé 10 yuans (ce qui correspond à un euro). Mes revendications n'étant pas flagrantes, je n'ai pas jugé nécessaire d'avouer pour la gloire de la cause.
J'ai déjeuné au Nomad avec Steve, le californien qui m'a donné l'adresse de l'hôtel dans lequel je me trouve à cette heure. Malgré son apparence de backpacker, il travaille chez microsoft, a réalisé quelques films, écrit des scénarios, investit en chine et en Inde… je ne comprends donc pas pourquoi il réside dans ce taudis à Lhassa. Quoi qu'il en soit le déjeuner était fort sympathique. La barrière à l'émergence de la chine selon lui est la pollution. Je veux bien le croire. Ils ont installé des faiseurs de pluie à Pékin m'a-t-il dit. Les agents de la circulation de cette ville meurent à 40 ans. On m'a rapporté le fait suivant. Non en fait je vais attendre avant de raconter ça, mais je laisse cette note pour m'en souvenir : Teesh des JO. Un taxi m'amena à l'aéroport et je dois avouer que j'ai quitté le Tibet avec un pincement au cœur.



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En ce qui concerne l'embarquement des vols domestiques, tous les guichets sont accessibles pour tous les vols. Rien de particulier à noter. L'embarquement s'est fait à l'heure prévue, ainsi que le décollage. Les hôtesses de l'air étaient très belles, fines et gracieuses. Pas forcément aimables. J'étais la seule blanche de ce vol (visiblement Chengdu n'est pas une destination prisée). Sichuan Airlines m'a semblé une bonne compagnie. Nous avons eu droit à un Lunch-Dinner (je cite), des boissons non alcoolisées, et quelques perturbations.

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L'arrivée s'est passée sans encombre, la pollution, le monde, la ville, la chaleur… et Sim's Cosy Guesthouse, recommandée par Steve (qui risque de venir demain). Après avoir aspergé ma chambre d'insecticide, j'y ai posé quelques tissus achetés à Lhassa pour la rendre plus agréable, ai emprunté un dvd que je vais regarder sans plus tarder, le Da Vinci Code.

dimanche 2 septembre 2007

0021

Je vais prendre de l'avance sur mon retard jusqu'à aujourd'hui. J'attends l'appel du body massage pour aller me coucher. Je ne dis rien mais n'en pense pas moins. De toutes façons je me casse. J'ai la chance d'avoir une chambre inodore, mais pas insonore : l'autre n'arrête pas de cracher, c'est abominable. Je n'ai pas eu une journée fatigante mais fatiguée. Pourtant pour une fois tout s'est bien passé : l'envoie de tissus par la poste (il faut voir le postier entourer le colis de scotch à la vitesse de l'éclair, une vraie prouesse), la réservation de la chambre, de l'avion, le tuk-tuk, le déjeuner et le dîner dans cet endroit excellent et charmant que j'ai testé hier soir

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Il s'agit du Café Nomade ouvert depuis un mois, tenu par une taïwanaise, un américain, une tibétaine. Nourriture végétarienne, les produits sont frais et l'on s'en sort pour 2,5 € le repas complet avec boisson sans alcool.
Il a plu aujourd'hui, je me suis faite entubée une fois pour le tuk-tuk, pas deux, je l'ai pris trois. Le problème c'est qu'on ne connait pas très bien la limite. Se faire avoir de 2 euros par un Tibétain ou un chinois c'est loin d'être un problème, mais ne serait-ce qu'avoir une idée des prix est très difficile.
Ils ne les doublent pas forcément, ils les multiplient par dix voire vingt, ce qui fait qu'à l'arrivée quant on divise direct par 20, on ne sait pas si l'on tombe sur quelqu'un qui les a multiplié par 2 ou par 100. Résultat il est très difficile de connaître la valeur des choses, une échelle. Et l'envie même de leur laisser plus est enrayée par l'idée qu'on a déjà payé 100 fois trop, à moins que… et ainsi de suite. A moins d'espionner tous les tibétains en shopping.
Je demande tout à l'heure le prix d'un petit bracelet en bois à un marchant qui me le propose à 40 yuans. N'importe quoi lui dis-je, je viens d'acheter celui-ci (beaucoup plus LOURD!!! ne pas chercher le rapport, on peut dire n'importe quoi) 20 yuans. Oui mais il en vend aussi et ils sont beaucoup moins chers que les minis en bois. Ben voyons, je m'en vais, le type me rattrape et me demande combien j'en veux. 2 yuans.
OK.

jeudi 30 août 2007

0018

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dimanche 26 août 2007

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Marcher, se trainer, clopiner, se jeter à terre et se relever toujours dans le sens des aiguilles d'une montre, ainsi vont les pèlerins autour du célèbre temple bouddhiste Jokhang. Les gens se bousculent sans ménagement, il fait beau, les vendeurs affluent.
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J’achète des petites perles blanches enfilées, trois colliers de perles oranges, du fil coloré et rentre à l’hôtel entamer une broderie représentant le dragon de mon buffet.
Un peu plus tard lors d'une seconde promenade je perds la clé de l’hôtel, retourne sur mes pas en fin de journée et réalise ainsi que les rues dans lesquelles tout le monde jette n'importe quoi sont régulièrement nettoyées. Je ne retrouve pas la clé.
Depuis mon arrivée j’étais persuadée d'être face au nord, alors que je suis au sud, ce qui met l’est à ma droite et est tout à fait inhabituel. Je n’arrive pas à me l’ancrer dans le crâne et me sens complètement démunie ayant d'ordinaire un excellent sens de l'orientation.
Je tente de me repérer au coucher du soleil, mais idem, impossible de savoir de quel côté il se couche ce soir, toutes les directions affichant la même luminosité, la même possibilité d'un soleil derrière les nuages. Mystérieux…

samedi 25 août 2007

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Des endroits photographiés au Tibet, le lac Namtso me subjugue par sa beauté. Pourtant j'hésite à faire cette excursion, pleinement, profondément, mais ne me fais pas confiance, me raisonne, retrouve Tendzin à la réception à 8h, et me risque, tendue, vers l'une des pires journées de ma vie.
Il pleut, l'air est frais, le Land Cruiser s'engage dans les rues de Lhassa, sort de la ville et entame son voyage absurde.
Premier barrage, le chauffeur descend chercher un bon attestant l'heure de son passage. Il dispose d'une heure pour parcourir telle distance jusqu'au prochain barrage. Arrivés en vue du second barrage au bout de trois quart d'heures, le chauffeur s'arrête sur le bas-côté. Nous attendons. Nous devons attendre que l'heure se soit écoulée sinon nous serons Punis et devrons Payer. Tous les Land Cruiser s'arrêtent, tous les Land Cruiser attendent, tous les Land Cruiser se doublent consciencieusement durant le trajet. La route est une succession de barrages identiques.

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Je suis assise à côté du chauffeur qui ne parle pas anglais, derrière moi l'adolescente. La route monte, j'écoute l'ipod en mode aléatoire et note les morceaux en vue d'une compilation Namtso Lake. Je commence à me sentir mal, en chiffon, gonflée, à la recherche de mon souffle.
Plus haut. Seule la vitre de mon côté de la voiture est embuée par l'extrême chaleur que je dégage, je respire très très mal et perds à demi conscience.
Plus haut. Je délire par intermittence, flanquée de deux novices, écrasée sous la pression.
On passe le col, descend, je pense que tout va s'arranger mais quelques kilomètres plus loin mon état empire et la panique me gagne. Impossible de revenir en arrière sans repasser par le col, impossible de respirer, impossible de communiquer, je suis seule, j'étouffe.
Affolés à ma vue, la voiture s'arrête, je sors, tente de me maintenir debout et tombe dans le ravin, terrorisée, hurlant comme je n'aurais jamais cru être capable de hurler, hurlant à l'aide. Les larmes me vident de mon eau, mon sang se comprime, prêt à exploser, je suffoque…
Ils arrêtent un car, récupèrent des bouteilles d'oxygène, un individu tente de me rassurer tout en me faisant respirer l'oxygène par le nez, la bouche (le chauffeur et ma guide n'arrivaient pas à ouvrir la bouteille). La présence de quelqu'un de compétent, l'oxygène… je finis par me calmer un peu et respirer.
Je n'ai jamais vu le Lac Namtso, nous sommes repartis en sens inverse, la terreur comprimée dans la moindre de mes veines. Repasser le col, cinq mille mètres, mon corps… Cette fois j'ai des bouteilles d'oxygène mais je sais que ce n'est pas suffisant; La panique doit être évacuée, or personne n'est là pour me rassurer, me parler, juste cette adolescente qui ne fait que répéter ok d'un air affolé, qui ne comprend rien, dont la présence m'angoisse.
Les bouteilles d'oxygène défilent, la douleur, la pression, je passe le col, redescends, me retrouve dans ma chambre, tremble. La menace est toujours présente, elle le sera pendant longtemps.
De ma vie je ne m'étais jamais sentie si démunie, en danger et seule. Je réalise à quel point nous somme protégés, surprotégés, loin de la réalité, entassant les couches de molleton en tapant du poing. On est habitués à avoir toujours quelqu'un ; un parent pour un enfant, un conjoint pour un adulte, un médecin pour un malade, un pompier pour une urgence, un hélicoptère, un hôpital, des structures, une ville, un pays, une langue, un téléphone… Et là rien, pas d'issue, juste moi écrasée entre le ciel et la terre.
Je n'étais pas prête et le suis encore moins.

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vendredi 24 août 2007

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Temps mitigé, j’entends les oiseaux, saigne du nez, ai la tête qui tourne, l'altitude. Je pensais que d'avoir maintes fois fait du ski dans les Alpes me permettait à tout moment de m'installer au sommet de l'Everest. Et bien Non.
Il faut un permis pour rester au Tibet, du moins pour pouvoir aller ailleurs qu’à Lhassa, je vais me renseigner. Ma guide Tibétaine semble savoir beaucoup de choses mais parle très très mal anglais. Nous allons à la banque changer de l’argent, je remplis un bordereau avec mon numéro de passeport et de visa pendant que la femme range des papiers qu'elle rangera encore longtemps tout en discutant avec son collègue, sans un regard pour la file qui augmente derrière moi.
Des années plus tard, on part au temple Jokhang temple (je ne comprends que beaucoup plus tard que Jokantimepole, est le temple en question) empruntant les ruelles de la vielle ville. Tout m’émerveille, les couleurs, les gens les décors, je prends des photos, les tissus… on arrive au temple, entrons et des moines dessinent quelque chose au sable sur le sol.
Chose extrêmement rare, un Lama vient aujourd’hui à 14h. et qui est la raison du monde ahurissant dans la cour du temple.
Nous visitons le temps et le Lama arrive, on ne le voit pas. Il ira dans la chapelle y prononcer son discours qui sera retransmis sur écran dans la cour. Mais il nous faut partir pour aller au Potala (les billets sont réservés une semaine à l’avance, il y a un quota de visiteurs).

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On s'arrête pour déjeuner dans un restaurant du coin qu'elle propose passant son temps à regarder sa montre.
Notre heure de visite est à 16h30, tout est minuté ; on dispose d'une heure pour faire la visite sinon on est Punis. Arrivés en haut des marches, je n’ai plus de batterie dans l’appareil. C’est magnifique, tout est magnifique, le plus bel endroit du monde, je ne sais pas encore discerner le passé du présent.

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On a vite fait de s'enthousiasmer pour Lhassa, de laisser son esprit se confondre dans des sommets de spiritualité, d'inaccessibilité, aidés par la conviction des pèlerins, la beauté des lieux, leur l'histoire, mais surtout le manque d'oxygène et une imagination prolifique.
Cette ville représente plus qu'il ne reste d'elle, utilise l'imaginaire de chacun, le désir de voir ce qui n'est plus. La magnificence des temples, des couleurs, la ferveur des mendiants, l'omniprésence des moines qui sillonnent la vieille ville, l'encens dont la fumée s'élève vers les cieux si proches… occultent pendant quelques jours la réalité de cette ville touristique, froide et bâillonnée. Les gens y sont pour la plupart inamicaux comme dans n'importe quelle entité touristique, ou réduits au silence. Un très haut pourcentage de tibétains souffre de cataracte due à la luminosité excessive, et finiront aveugles par manque de moyens. La ville est sous contrôle, les informations sont passées à la loupe, les mails interceptés, les policiers chinois se mêlent aux civiles pour les espionner, les cars de touristes alternent avec les backpackers venus fouler le toit du monde d'un côté, la chine clinquante rembourrée de boutiques plus bruyantes les unes que les autres de l'autre. L'air et les visages sont secs et durs malgré quelques masques avenants.
La ville est sous contrôle, son esprit s'est échappé, mais au détour d'une ruelle, dans un sourire, un regard est terrée son âme.

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