Y’a pas à dire, c’est l’horreur. Je suis avec un groupe, et c’est la pire erreur que j’ai faite. Un groupe sans intérêt, on fait tout au pas de course, personne ne prend le temps de regarder, s’imprégner, non, il faut rouler, avancer, manger, critiquer, comparer, ils devraient faire ceci, ils ne devraient pas faire cela… Le tout canalisé par Leguide suisse dans toute sa splendeur (ça doit impliquer quelque chose), crépitant d'angoisse.
Un comportement sidérant au point que lorsque je lui dit devoir aller aux toilettes, il me répond qu'on ne peut pas (on arrivait à Irkoutsk, bien connue pour son manque totale d'hygiène), et que de toutes façons : il m'avait PRÉVENUE.
Une sèche réponse de ma part rend à Irkoutsk ses toilettes, le bus s'arrête devant un hôtel, et la moitié du bus descend à ma suite (après avoir vérifié qu'ils avaient le droit en jetant un coup d'œil inquiet Auguide).
Les visites se succèdent au galop, un église, une ville reconstituée, Legroupe agglutiné à ses guides, un pour les yeux, un pour les oreilles, c'est beau à droite, Ohhhh, c'est beau à gauche, Ahhhh, vite vite vite, ça trottine, stop à gauche, ahh… et ainsi de suite jusqu'à ce que nous arrivions enfin à l'hôtel où je bénéficie d'une chambre INDIVIDUELLE.
Russie07
dimanche 12 août 2007
0004
Par userem7803 le dimanche 12 août 2007, 12:24
samedi 11 août 2007
0003
Par userem7803 le samedi 11 août 2007, 14:45
Chaque wagon est sous la responsabilité de son provodnic (nous en avions deux, un couple). A chaque extrémité du wagon se trouvent les toilettes, rudimentaires mais assez correctement entretenus en ce qui nous concerne. Plastique défraîchi bleu foncé pour la lunette, acier pour la cuvette, le lavabo tout le mobilier en somme. Les déchets sont déversés sur la voie ce qui l'avantage d'éviter les odeurs. La présence de savon et papier toilette est aléatoire.
Un samovar dispense de l’eau bouillante face à la pièce des provodnic. La climatisation fonctionne parfaitement dans chaque compartiment uniquement lorsque les fenêtres du couloir sont closes.
Les draps sont décorés de rennes et flocons de neige. Bleus. Les arrêts plus ou moins fréquents, plus ou moins identiques.
La moitié de notre groupe loge en première classe à l’intérieur rouge totalisant deux lits. Dans une cabine se trouvent les deux suissesses, Rose-Odile et Manuela, dans une seconde Omar (Donnie Brasco) et sa femme Marie-Jeanne. Lesmenards ont réservé un compartiment en seconde dont un lit reste vacant. La vacance de ce lit jouera de nombreux tour à Leguide qui devra aller dormir par deux fois chez les provodnics pour laisser sa place à des passagers de dernière minute qui se retrouveront en face de moi.
Mon premier sera un russe très costaud, mon second une russe très costaud assez élégante, mon troisième un soldat russe émacié, et mon tout ne parlera ni français ni anglais.
Seul le repas de midi est assuré, nous nous retrouvons tous entre deux et cinq heures au wagon restaurant pour avaler le médiocre déjeuner qui nous est préparé.
Pour les autres repas de la journée, nous pouvons acheter boissons, fruits et autre articles comestibles aux vendeurs des quais lors des nombreuses haltes du train.
Les rapports avec les membres du groupe se concrétisent par leur absence, chaque tentative de rapprochement me laisse en proie à une incompréhension totale.
Leguide prend des gouttes pour lutter contre le décalage horaire, à l’essai encore, une boite suisse du nom de Gysert dans laquelle travaille sa mère, 4 gouttes le matin, 4 gouttes le soir et les gouttes de la journée se répartissant 4 gouttes toutes les 4 heures. Le produit semble fonctionner.
Les pins et sapins sont apparus aujourd’hui, après deux jours de train. Maintenant il n’y a presque plus que des sapins.
Je passe le plus clair de mon temps sur ma couchette à regarder le paysage, le ciel, à lire ou a dormir. Ce voyage mérite d'être fait en solitaire ou en bonne compagnie : contempler un paysage lorsque des individus le dissèque guide en main (tout ce qu'il faut savoir sur l'arrivée du bouleau en Sibérie suite à des guerres climatiques intenses et une densité de ferment qui n'a d'égale que le kilométrage parcouru par le train se fixant sur l'heure de Moscou pas vrai Leguide) n'est pas de mon ressors.
Nous changeons d'heure tous les jours jusqu'à Irkoutsk. Moscou a deux heures de décalage horaire avec Paris, deux heures de plus. Toutes les gares de Sibérie indiquent l'heure de Moscou.
Le premier jour nous avançons d'une heure, le second de deux heures (le deuxième changement horaire s'opère en général en fin de journée), le troisième de deux heures, ainsi que le quatrième. Arrivés à Irkoutsk, nous avons 7 heures de décalage (je me demande si je n'ai pas ajouté deux heures de trop, 7 heures de décalage oui, mais avec Moscou ou Paris ? je vérifierai). Nous reperdrons une heure en Mongolie pour arriver aux 6 heures de décalage horaire qui séparent Paris de Pékin. La Chine, aussi vaste soit-elle n'offre au peuple qu'un seul fuseau horaire.
Nous arrivons à Irkoutsk le matin du 11 août où nous attend notre guide locale, une charmante jeune russe qui ne parle qu'anglais et russe. Elle parlera en russe et Leguide traduira (je n'ai toujours rien compris).
J'oubliai de noter l'absence totale d'humour Dugroupe, dont je rapporterai ci dessous un exemple. Une discussion très sérieuse (obligatoirement) s'opère sur la religion charriant l'apparence de Jésus : Jésus était basané affirme Donnie. Pour illustrer son propos il nous compare tous les deux, Jésus étant d'apparence beaucoup plus proche de lui. Je saute sur l'occasion et réponds, peut-être, mais c'était quand même une femme.
Une effroyable solitude m'engloutit lorsque le plus sérieusement du monde il me demande : ‘ah bon ? ‘ et que je réalise qu'ils sont sérieusement en quête d'un réponse.
Une heure et demi de bateau nous dépose chez Piotr aux environs de midi où l’on nous indique nos quartiers. Une fois de plus je me retrouve avec Leguide, Nicole et Jean-Christophe, dans une baraque en bois au bord du lac Baïcal. Un lit de fer, des ressors, un matelas (ce pourrait être considéré comme un trait d’humour, mais il n’en est rien), et des couvertures grattantes.
Les toilettes sont situées à l’extérieur et consistent en une cabane construite sur un trou creusé dans le sol.
Le repas concocté par une proche de la grand mère de Piotr est excellent. Je goûte à l'Omoul, poisson qui ne vit que dans les eaux du lac Baïcal, excellent poisson blanc plein d'arrêtes après lesquelles les membres du groupe ne cessèrent de s'indigner, les Russes ne sont visiblement pas assez évolués pour faire du poisson sans arrête.
L’après midi nous est offert par Leguide qui propose malgré tout bon nombre d’activités que je m’empresse de fuir pour trouver le sommeil dans ma cabane en bois. Les frères sont restés sur l’autre rive du lac, préférant se promener dans le petit village et dormir dans l’hôtel du matin même. J’en profite pour terminer ‘Survivant‘ et commencer un livre de nouvelles de Philip K Dick.
Les membres actifs du groupe testent le sauna suivi du plongeon dans le lac gelé. Il me semble que des liens amicaux se crées à ce moment là, mais je ne pourrais en dire plus, ma situation n’évoluant pas d’un iota.
mardi 7 août 2007
0002
Par userem7803 le mardi 7 août 2007, 16:54
A 9h55 Leguide part me chercher où je ne suis pas, j’arrive à 9h58 au lieu de rendez-vous, il m’y rejoint à 10 heures pile… Nous sommes dans les temps. Le groupe enfourche son bus vert 866 et nous roulons en direction de la place rouge, célèbre place moscovite abritant le tombeau de Lénine. Une guide local que je ne ne comprends ni n’entends nous fait les commentaires que je ne vous rapporterai donc pas.
Un excellent et fort copieux déjeuner s'ensuit durant lequel nous nous retrouvons assis face aux Ménards, Ménards qui se déclinent comme suit : Fabienne la mère, Christian le père, et Griselda la fille de 8ans. Incontestablement les plus sympathiques du voyage.
Youri s’éclipse avant l’entrée, ce qui permet à Sergeï et Dimitri de lui casser allègrement du sucre sur le dos pendant tout le repas, à ma plus grande joie et celle des Ménards je dois l’avouer.
Longtemps avant la digestion, nous reprenons le bus vert 866 en directions d’une cathédrale qui s’avère fermée mais dans le jardin de laquelle nous déambulons une bonne heures avant de nous rendre sous la pluie à leur Père Lachaise. Après un tour complet des éminences politiques nous saluons les éminences grises à savoir Gogol et Tchekov.
Les frères Karamazov s’enquièrent de la tombe de Dostoïevski qui, nous rapporte Leguide, se trouve à St Petersbourg plus haut vers le Nord Ouest.
D’un coup de bus vert 866, nous arrivons au restaurant, y mangeons aussi bien et copieusement que le midi même, les membres du groupe au grand complet (non encore divisés par des guerres de clans) et Leguide. Même Youri nous fait l’honneur de sa présence et sa bonne humeur ravit la plupart des convives.
Il n'est pas question de s'attarder, nous devons arriver à la gare à 19h30, soit une heure et demie avant le départ du transsibérien. Leguide veut que nous prenions de bonnes habitudes dès le début à savoir ne Jamais prendre son temps et Toujours d'attendre au pire. Si malheureusement le pire ne se présente pas à l'instant, ne Jamais oublier qu'il peut surgir l'instant suivant. Sur ce, dépêchons.
Je me retrouve dans la couchette de Nicole, Jean-Christophe (en haut) et Leguide. L’intérieur du Transsibérien est cossu et vert, (nous avions choisi la seconde classe pour une plus grande convivialité, choix judicieux). La Provodnic (il me semble que c’est un nom dans ce goût là sans pour autant être celui-ci) nous apporte les draps ainsi que des tasses que nous garderons pendant 3 jours et 4 nuits.
Je m’endors aussitôt après l’installation pittoresque, non sans avoir tenté de lire quelques lignes des frères Karamazovs.
Je me mets le groupe à dos pendant les trois jours qui suivirent en n’assistant pas aux ‘apéros‘ qui consistent à boire une mini bouteille de vodka entassés à 10 dans un compartiment.
Plus exactement je fais de moi une personne vierge et inconnue qui le restera jusqu’à la fin, et qui endossera tous les travers connus (et méconnus) de l’Autre. A mille lieues de cette réalité, je passe le plus clair de mon temps sur ma couchette à dormir.
lundi 6 août 2007
0001
Par userem7803 le lundi 6 août 2007, 15:42
Les frères Karamazov et moi même quittons Paris Le lundi 6 août 2007 sans verser la moindre larme.
L’arrivée à Moscou est marquée par une interminable attente à la douane, un voyage sans encombre, une lumière radicalement différente de la lumière parisienne et la rencontre de diverses personnes qui formeront un groupe avec lequel je m'entendrai relativement mal , ce qui jettera une ombre sur ce voyage de surcroît passablement assombri par mes nombreuses heures de sommeil.
Nous attendons le bus vert immatriculé 866 quelques minutes sous un soleil de plomb, et considérant notre retard, annulons le passage à l’hôtel pour nous rendre directement sur le bateau mouche du coin. Sont présents (outre nous 4) : deux suissesses, un couple de Lyon, un couple de Grenoble et Leguide. Les présentations faites, nous nous mettons à table à l’intérieur du bateau, accueillis par de la vodka. Je tiens à préciser à ce stade de l’histoire que j’ai arrêté totalement de boire depuis bientôt un an.
La discussion part rapidement sur les mœurs russes et les phrases commençant par : “ ils devraient…” ne tardent pas à être sur toutes les langues. Epuisée, je sors avec Vladimir et Alexeï (Youri nous a déjà faussé compagnie) pour une première rencontre avec Moscou sous un crépuscule bien avancé. Une impression de solidité, d’austérité et de simplicité surannée émane de ces bâtiment silencieux et implacable.
Trois heures plus tard, nous reprenons le bus vert 866 et arrivons à l’hôtel au dernier coup de minuit. Une famille entière originaire de Marseille nous attend valeureusement dans le hall.
On m’offre la clé en bronze de la vaste chambre 1009 et je sombre dans un sommeil sans rêve.