Ce Radisson, à l'image de tous les Radissons du monde, ressemble au Cérulean, qui lui même ressemble aux Novotels qui s'assemblent aux Sofitels, se rassemblent et se ressemblent… Il n'en est pas de même avec un Ryokan et une maison Norvégienne, bien que sans conteste le passage du Raditel au home sleep véhicule la même impression de froid et de pauvreté. L'impression épuisée dévoile les spécificités.
Hier j'ai donc quitté le Radisson la tête haute, refusant un taxi pour insister sur le fait que je n'avais plus assez d'argent pour leur standing, et me suis élancée dans le bus n° 37 à destination de… (c'est marqué sur le papier qui est quelque part dans mes papiers).
Chaque étage d'une maison norvégienne peut appartenir à différentes personnes, le premier de cette maison est réservé aux locataires du Home sleep. Une vaste cuisine en bois, un canapé de cuir rouge foncé, un soleil rouge sur fond bleu aux dimensions abyssales lui faisant face ne réchauffe en rien ce lieu glacial. Ma chambre donne sur une fosse, futur emplacement d'un parking, et le lit à couette repliée sur elle-même (particularité du rangement norvégien), est paré d'un couvre lit lui donnant des allures de Quasimodo. Une télévision vieux format et un dvd trônent au fond de cet espace en longueur, à égale distance du sol et du plafond, dont l'écran boudeur est tourné vers la fenêtre.
Sur ces notes déplaisantes je prends place entre ces murs qui peu à peu me bercent, et après avoir tiré les stores et pesté sur leur transparence, je m'endors du sommeil du râleur, laissant passer une réflexion désobligeante sur le lieu et son ensoleillement à chaque changement de position. Jusqu'à ce qu'un message de réveil s'abatte sur mon cerveau, douze heures plus tard. Message aux sonorités de pelleteuses, sinon j'aurai certainement prolongé le jour de quelques heures.
C'est ainsi que je fais la connaissance de Ragnar, le Pasteur.
Norway08
mardi 10 juin 2008
02…08
Par userem7803 le mardi 10 juin 2008, 14:18
dimanche 8 juin 2008
02…06
Par userem7803 le dimanche 8 juin 2008, 15:08
L'air absorbe la moindre trace d'humidité; la salive disparaît, la trachée s'assèche, un vide se creuse à travers le corps qu'il faut à tout prix empêcher de se tarir. En respirant par le nez, ce sont les sinus qui s'effritent raclés par les passages d'un air assoiffé.
L'épiderme se contracte, perd de son élasticité, bientôt momifiée. Réveil à 7h, il fait jour. Encore plus jour que jour, le soleil frappe l'eau et se reflète sur la fenêtre contre laquelle les rideaux ne font plus office que de colorants. Les rayons diaboliques dansent sous la tenture.
samedi 7 juin 2008
02…04
Par userem7803 le samedi 7 juin 2008, 09:33
Nuit mémorable et fort courte, le bus d'appoint me ramène à l'aéroport de Stansted flambant neuf. Après avoir enregistré les bagages, direction la salle de contrôle où les hommes sont priés d'ôter leurs chaussures, où l'on me fait effacer mes photos et à laquelle succède la salle de Duty Free, but ultime de tout humain du 21eme siècle. Repus d'achats aux allures de bonnes affaires, il faut à présent se rendre en salle d'embarquement. Un Orlyval nous attend, vitres dégueulasse… A ce propos je tiens à excuser mes lecteurs pour la qualité des photos, il se trouve que depuis mon départ, qu'il s'agisse de l'Eurostar, du double-decker, du bus, du "Stansted-Val", de l'avion… tous sans exception ont des vitres trop difficiles d'accès pour les nettoyer au préalable.
Le "Stansted-Val" nous dépose dans un satellite à moitié vide, l'autre moitié dispersée entre les fauteuils bleus donnant sur la piste d'atterissage. L'accès aux avions se fait par la piste, à pieds, presque inconcevable de nos jours. Mes comparses sont vêtus 'glisse', je regrette ma veste polaire qui réchauffe la moitié de ma valise dans la soute, et tente de conserver ma température en tirant sur les pans de ma veste de Smoking. Pas de couvertures dans les compagnies low cost, à peine installée, le vent du nord emporte les derniers degrés. L'avion décolle, quelques trois heures et demi de vol avant d'atteindre Tromo, au delà du cercle polaire. C'est sous un soleil éclatant que j'entre en Norvège, et me lance à pieds joints dans ce jour qui ne se couchait pas.
L'air est sec, le corps met quelques heures à s'y habituer et alors je sens le froid naître de mes entrailles. La température extérieure avoisine les 11° à deux heures, mais mon corps habitué à se prélasser sous les 35° 99% d'humidité de Bangkok ne le conçoit pas ainsi. Le froid s'est logé à l'intérieur, il se déploie dans mes veines, attaquant le dos, les pieds, et le nez et le reste. Je trouve un hotel hors de prix, comme tous les hôtels ici, et épuisée m'endors pour me réveiller à 18h… incroyable, il fait jour. Mais le jour baisse, je sens l'arnaque, le faux soleil de minuit, la fausse journée infinie… 19h, le jour baisse, 20h, je sors faire un tour, la ville est déserte, le sable vol au vent glacé, une échoppe qui se prend pour une station service sans essence propose les mêmes articles, bonbons, journaux, boissons, loue des dvd, j'achète des pommes et du pain, que je mange sous ma doudoune Face Nord que je regrette de n'avoir pris version intégrale, une dizaine de degrés se sont enfuis avec les heures. 22h, le jour se lève, les nuages m'avaient joué un tour, le ciel s'éclaircit… A minuit, il fait complètement jour. Epuisée je ferme les rideaux, traque le jour, allume la télé et m'endors devant ce fameux film diffusé par canal +, sous titré en norvégien, dont les dialogues en thaï me réchauffent les os.
Rideau.