quelquepart

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dimanche 24 août 2008

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Luang Prabang, Laos
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samedi 23 août 2008

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Le soir décline vite sur les bords du Mékong, je descends sur chaque berge observer les bateaux à travers les arbres, les lueurs et la vie qui s'estompe sous un ciel obscur. Alors que le jour s'apprête à disparaître mes pas précèdent ma réflexion et me voici à bord d'un bateau que je suppose aller en face. En face, embarquée sur le Mékong avec mon seul appareil photo pour où ? Quelquepart…
La nuit tombe, je suis sur l’autre rive, mes escarpins brillent toujours malgré la boue, et j'apprends que mon bateau ne rentre pas. Un autre, une barque, je ne vois plus grand chose, ne comprends pas grand chose non plus, mais suis très certainement coincée en face, c'est tout. Juste tout.
Quelques temps plus tard on me pose dans une barque, me rejoignent deux laotiens et nous prenons le large; j'imagine que nous traversons en sens inverse lorsque le moteur s'arrête brusquement au milieu du fleuve. Il ne me vient même plus à l'esprit de me poser des questions sur ce qu'il va advenir, je ne sais pas avec certitude où je vais, je ne vois plus rien, je ne connais pas la langue ni les trois passagers.
Le silence règne, l'embarcation dérive rapidement mue par le fort courant qui se précipite au centre du fleuve. L'homme se lève et hurle quelque chose vers la droite. Un demi tour, et de hurler rive de gauche. Il répète l'opération plusieurs fois, chacune d'entre elle ponctuée du silence absolu de la nuit et de la dérive. Aucune réponse, pourtant l'homme ne crie plus. Notre immobilité dévoile le mouvement perpétuel de l'invisible, du courant, du temps, des effleurements de vents et d'odeurs. Un moteur précède une barque, les deux planches de bois se rejoignent et la nouvelle embarcation nous remorque au port de départ. L'évidence.

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Bao

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vendredi 22 août 2008

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Une carriole nous conduit Bao et moi à la gare de bus. Logéss VIP nous avons droit à des sièges, des places numérotées (les farang au fond), de l'eau, un morceau de mousse densité 15 (sur l'échelle du BHV ) au joint humide, l'air conditionné et la télévision (heureusement les farang au fond…). Les Bus VIP laotiens apprennent à relativiser ces initiales, les toilettes de lilliputiens m'ont particulièrement plus, la vue d'en bas y est magnifique. Le Laos demeure un pays peu fréquenté, les routes sont exécrables, les glissements de terrain emportent fréquemment une voie dans un virage escarpé laissant une partie du bus dans le vide, par chance omettant les roues. Les rizières prennent de l'altitude, le vert déploie ses pigments au fil des heures et des lueurs, la montagne s'étire, frémissant sous un duvet végétal blotti tons contre tons. Les secousses et bonds se succedent pendant 10h. Cinq jeunes français siégeaient autour de nous, sympathiques, trop nombreux pour moi, trop nouveaux pour Bao, elle les retrouvera le lendemain pour un dîner formidable auquel je n'ai pas assisté.

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mercredi 20 août 2008

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Vientiane.
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Ville sans intérêt ni désagrément, un peu vide un peu pleine, longeant le Mékong comme les autres en son bord, possédant une ambassade thaïlandaise qui rameute la majorité des visiteurs. J'y passe deux jours, dépôt de dossier et retrait de passeport le lendemain, découvre la ville en vélo avec Julien, en tuk tuk avec machin, à pieds, sans cheval mais sous la chaleur moite et poisseuse d'un manque de sommeil.
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Mes trois acolytes et moi-même passons d'excellents moments, leur compagnie s'avérant des plus intéressantes, agréable voire amusante. L'homme sec aux yeux pleins d'eau m'apprivoise, O. Wilde le sensible affirme avec brio ses points de vues Impérativement ouverts, tandis que la bière découvre sous la casquette d'Orlando un son de prime abords brutal qui se transforme en paroles intelligentes d'un esprit synthétique, curieux et doux. C'est avec regret et dans une brume de fatigue que je me sépare d'eux le lendemain, nos chemins sont opposés, Ils partent vers le sud, je me dirige vers le nord.
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mardi 19 août 2008

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L

Déménagement pour quelques jours au Laos, emballer livres, habits, crayons et disques, libérer l’espace, sélectionner un minimum et repartir. Le minimum ne s’avère pas toujours bien choisi, l’habitude du bitume et des capitales a rapidement pris place dans mes veines oubliant boue, moustiques et autres erreurs de la nature.

Quelques heures plus tard, l’homme assis à ma droite dans le bus a un tee-shirt vert, j’en suis certaine et ne suis pas la seule. Il sort un livre… Français ? Suisse. La catastrophe. Le suisse français faisant partie de mon top quatre des catastrophes naturelles (avec les chinois, la langue hollandaise, et les habitants des îles touristiques), je lui adresse la parole afin d'ajouter de l’eau à mon moulin. Le trajet jusqu’à l’avion ne me permet pas de cracher plus avant sur cette triste race, aussi je laisse avec peine mon charmant homme vert et ses deux acolytes rejoindre leurs places dans l’avion m’éloignant le plus possible de quelque chose ; j’ai perdu mon ticket.

Mako Lao, une compagnie dont les avions datent de notre enfance, de ces jeux qui dans mes souvenirs étaient un tantinet plus fiables. Le modèle agrandi s'enorgueillit d'une intention repas terriblement délicate, collation présentée dans un carton écrasé datant des années 60 clos par une mousse densité 30 à mâcher en guise de désert (un joint presque sec décore l’atmosphère BHV dudit gâteau).

Arrivée miraculeusement à Vientiane, je traînasse sans soucis sur la piste, et entre par erreur en salle d’embarquement aux vues de tout le monde. Le duty free de cet aéroport mal achalandé, je me fais indiquer la passerelle menant à la salle d’arrivée renonçant au nouveau départ.

J'aperçois l'homme en vert, critique avec joie la lenteur suisse pour passer une douane aux guichets vides, jusqu'à ce que je réalise qu'il faut un visa pour entrer au Laos, chose qui ne m'était même pas venue à l'esprit. Nous finissons pas prendre un taxi ensemble, je les amène à mon très bel hôtel, et c'est ainsi que je fais la connaissance du vert Julien aux yeux aquatiques, de Guillaume aux airs d'Oscar Wilde et d'Orlando à la limite de l'épuisement absolu, résolument caché sous son couvre chef (que certains nommeraient casquette de nos jours).

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Vientiane est rangée, les trottoirs immaculés (trop propres pour être vrais), la ville longe le Mékong offrant une ressemblance avec Phnom-Penh dont on se départit rapidement ; les âmes n'y sont pas mortes. (En parlant de Russie, je n'ai toujours aucune nouvelle de mes frères Karamazov)

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Une fois installés, nous nous promenons au bord du Mékong récemment inondé, allons boire quelques verres sur un bateau fantôme à ampoules multicolores, Guillaume et Orlando s’en retournent tandis que Julien et moi décidons d’arpenter plus longuement ce fleuve légendaire. Toutes sortes d'animaux déambulent en croassant, grognant silencieux ou invisibles, paisibles quel que soit leur bruit, le long du fleuve dans une mare fraîchement boueuse.

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