Bkk Bas fonds.
La soirée commence à l'extérieur, au bord d'une large piscine, sur un mobilier design en tek, verre et acier poli. Quelques bougies le long du bar ponctuent l'espace d'un mystère rassurant. Les nombreux plats préparés avec grâce illuminent les tables, les invités se servent du vin, la musique fait écho au silence haut de gamme. Les discussions prennent formes, l'ivresse leur offrant une ouverture personnelle sans rejeter l'écoute, l'humour et les coqs aux ânes. L'heure a depuis longtemps sonné le départ pour un hôtel particulier, mais s'arracher à une agréable compagnie est difficile. Le groupe est homosexuel, intelligent, premier de cette envergure rencontré sous ces latitudes.
Passons à l'intérieur, Cap sur le mystère. L'hôtel particulier n'est pas signalé, on fait partie du club, y sommes invités où n'en imaginons même pas son existence. De hauts plafonds, une décoration recherchée, un bar, une table qui semble faire le régal des convives. L'un d'entre eux affiche son portable pendant que ses comparses tentent de l'ignorer faute de participer. Un jardin intérieur délimité par de lourdes portes polies et un point d'eau invite à la détente. L'endroit pourtant respire le vide. Un dj londonien s'accroche à un coin sous une bibliothèque remplies d'oursons identiques mais vêtus de tissus aux motifs différents. Personne ne danse. Il utilise un logiciel sophistiqué, mais n'a pas la musique nécessaire. Il l'a, mais pas ici. Il ne sait pas quoi jouer, et pour cause, il n'a rien, où des remixes interminables de chansons trop connues.
Nous lançons la danse après quelques verres de vin supplémentaire, fatigués de faire le Dj sans musique ou de zoner entre les tables cosy à moitié vides. Les autres suivent. Une petitaine, le lieu est vide. Le deuxième sas se referme sur les lourdes portes nous projetant dans un nulle part où nous attendent des taxis. Direction le S., une boite de nuit. Place au sous-sol.
Le lieu ressemble à un club de jour, murs noirs crasse, tables, chaises et bar sans raison.
Repère de working girls à l'affut du moinde centime, dansant, buvant, s'amusant parmi lesquelles viennent se servir les westerners, peu d'entre eux crédules quant à leur attraction mais affichant la blancheur de l'argent qui scintille et illumine le lieu. Une femme vient danser avec moi, la boite ferme, nous nous retrouvons dehors, la moitié de nos amis disparus.
Extérieur nuit, une rue, un boulevard, une table branlante et des bières qui arrivent d'un obscur seau. La descente. Un musicien passe par là, nous l'arrêtons, il s'assoit et joue pour moi.
J'entends l'homme demander à la femme avec laquelle j'ai dansé si elle ne serait pas un homme. Déclic, évidemment c'est un homme, comment ne pas s'en être aperçu plus tôt. La musique se poursuit, le jour se lève, la femme veut passer par son magasin. Les rues se transforment en ruelle, étroites et couvertes. Elle ouvre le store à moitié, je ne sens pas l'histoire et poursuis ma route à la recherche d'un taxi. L'homme arrive en courant, monte dans mon taxi interloqué et me montre ce que la femme lui a donné : un sachet plastique contenant bas et cutter.