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Par userem7803 le mercredi 7 novembre 2007, 16:14 - Japon07 - Lien permanent
Plus que net, le Japon est rangé. On y trouve toutes sortes de rangements plus petits les uns que les autres, plus grands les uns que les autres. Il n’y a pas d’insectes, et l’araignée que j’ai vue dans le parc était bien rangée dans sa toile immense, visible sous le soleil, au milieu des arbres, en hauteur, en retrait par rapport au chemin, à sept stations de métro de mon Ryokan, à sa place et sans danger.
Une fois que tout est rangé, ils disposent, pour le plus grand plaisir des yeux.
Ils disposent et arrangent les fleurs, les vêtements, les plumes, les logos, les paquets, les présents, les révérences; le quotidien est une cérémonie.
Célébrer le temps.
Le mouvement est considéré; apprécié dans toute sa lenteur qui crée la transformation.
C'est le pays du soleil levant, les parapluies sont transparents, on perçoit les habits colorés au travers, tout y est visuellement vivant. La modernité et l'histoire avancent enlacées. L'étude, le savoir ancestrale autorisent la créativité. C'est le pays le plus évolué qu'il m'ait été donné de voir. Les gens sont respectueux, souriants et créatifs. L'homme d'affaires descend de sa tour pour écouter le son de la fontaine à l'heure du déjeuner. Par bien des côtés notre culture occidentale me parait rustre, essoufflée, narcissique et cynique. Je garde à l'esprit que je suis ici en tant que touriste, que je ne comprends toujours rien à ce qui se dit et suis moi-même un produit occidental.
Mais l'inconnu ici est magique, les salles obscures sont emplies de rêves et décorées d'imaginaire.
De la réalité de ce pays, de cette ville, je ne connais presque rien, l'air que j'y respire m'est familier, je voyage avec Chihiro au pays des merveilles sans merci.
Commentaires
Petit concours de circonstances atténuantes, un mec rencontré par hasard qui parle à me fatiguer du métro Pyrénées il y a quelques années lorsqu'il y habitait, les Buttes-Chaumont, la mort soudaine de Lola la chienne blanche, ses premiers jours, le destin des cendres, mon chien par adoption au crépuscule de sa vie, "An Affair At the Soiree" de Tuxedomoon en lecture aléatoire sur le baladeur, les bruits du corps d'un homme de 38 ans, la paternité (...)
À l'époque de la trace informatique, ce n'est pas trop difficile de choper une image ou des mots pour les "petits coups dans le rétroviseur"... hop hop hop / une adresse, un lien, des nouvelles diffusées largement... bien plus "entières" qu'un bonjour comment tu vas, qu'est que tu fais, qu'est ce que tu as fait, qu'est que tu vas faire, 3 minutes top chrono -
J'ai pas tout lu, j'ai du mal à lire sur un écran, et pour être franc la pudeur m'a gobé, j'ai mis du blanc sur le gris des lignes, j'ai choisi une page au hasard Focus (ça me semblait essentiel) et je suis tombé sur le jardin, les roses, les épines, les clôtures, la protection, l'haleine, la déception...
Voici sous mes yeux, à volonté, le présent d'un bout du passé, j'ai pensé après la fin du défilement-souris presque automatiquement à un texte de Michniak "bizarrement quant ils se promènent en forêt les hommes et les femmes ne voient pas les mêmes animaux", puis j'ai trouvé ça un peu réducteur, mais j'y pense souvent c'est récurant, et si l'on distinguait de l'existence ce que les filtres du vécu veulent bien nous accorder, il n'y aurait alors pratiquement aucune universalité, j'ai retourné mon esprit, un bond de 10 ans, un anniversaire, une commémoration, le Si loin, Si proche de Wenders m'est revenu, j'ai lâché mes ailes au métro Pyrénées, il faut bien les perdre quelque part je crois. J'ai un carnet sur le net, mais je ne peux pas tout y glisser, en particulier pas ce texte, ... ou il faudrait le placer en diptyque à coté d'une image, d'un son que je n'ai pas encore trouvé; il existe parce qu'un jour il y a eu un jour, je pourrai tout aussi bien le laisser sécher avec d'autres, mais petit concours de circonstances aidant je te le prête.
Je te souhaite une bonne continuation, de beaux souvenirs et quelques réponses.
Amicalement
Olivier D.
Tout semble définitif mais volatile, les vérités d'un jour se fragilisent lors des coups de frais, de nouvelles, trop brillantes, trop soudaines, trop attendues, trop fraîches, bourgeonnent... le spectateur est perdu, est-ce un drame, une comédie, un documentaire, des informations?
Arrive alors, l'incontournable, l'insoutenable légèreté de l'être*, le tout, le rien et le pourquoi pas,(...) je décroche, mon esprit vrille, je ne tiens plus rien, j'ai peur, du vide, du plein, du trop, du peu, pourtant je cherche de l'air frais, je lève le nez, je guette les nappes, les petits instants d'agréable, je profite puis prends conscience de l'éphémère, *(la pesanteur et la légèreté, pareillement insoutenables, ne procèdent jamais d'une décision véritable).
Je piste alors le milieu, la nuance sobre, une petite mélodie calme et stimulante, la note juste, celle au centre, elle équilibre la partition.
J'ai souvent du mal à la trouver, trop de bruit entre les oreilles, le bourdonnement cacophonique des désillusions. Aucun regret, ils n'y peuvent rien, ils appartiennent à hier et je suis aujourd'hui regardant demain.
Il faudra sans doute attendre quelques lunes...
*Milan Kundera